En 1986, je concluais ma thèse par quelques hypothèses sur l'avenir du tiers-secteur :
- La professionnalisation du secteur caritatif
- la montée en puissance du donateur dans les instances associatives
- La multiplication des instances de contrôles
- La concentration du secteur
Pour le vérifier, il vous suffit de vous pencher sur le document joint à ce texte !
Vingt ans après, me penchant sur ces prophéties, je réalise que ces intuitions étaient plutôt bien fondées.
D'abord en ce qui concerne l'indéniable professionnalisation du secteur caritatif.
Oui, les associations attirent aujourd'hui des professionnels du secteur industriel et commercial. L'APEC reconnaît même une arrivée toujours plus forte de cadres issus des grandes écoles au sein du tiers secteur.
Second point : la montée en puissance du donateur.
Au couple élu/adhérents s'est substitué en 20 ans le couple donateurs/volontaires.
Les organisations, pour réaliser l'objet social, fonctionnent grâce aux dons des donateurs et mettent en œuvre leur action, grâce à des personnels salariés et des volontaires légèrement stipendiés. Les donateurs ont poussé les organisations qu'ils soutiennent à se doter d'instances de gouvernance : comité des donateurs, charte de déontologie..
Et ces donateurs, dans cet élan de demande d'une meilleure gouvernance, se sont alliés aux médias et aux politiques pour faire se multiplier les instances de contrôle : la Cour des Comptes puis l'IGAS se sont vu autorisées à contrôler les organisations privées du fait de leurs appels à la générosité du public.
Reste la concentration du secteur… non seulement avérée mais s'accentuant. Désormais, 18 associations de solidarité internationale se partagent 80 % des fonds privés et publics.
Et 10 associations et fondations monopolisent les fonds dans le secteur de la recherche médicale. Même chose dans le social et la protection de la faune et de la flore !
J'envisageais même fusions et acquisitions entre associations. Le mouvement est lancé. Dans les cinq dernières années : VSF, Care, Handicap International, participent à cette concentration.
Mais au-delà de ce bilan, regardons vers demain, vers les autres mouvements se dessinant :
- le passage du statut du non marchand vers le marchand : VVF, UCPA
- la fiscalisation toujours plus étendue des activités des associations…
A votre avis ?
Antoine Vaccaro
Président du CerPhi, Centre d’études et de recherche sur la philanthropie.
Vice-Président de TBWA \ CORPORATE